Les Montres et Nobiliaires

                                                                                                                         

                                                                                                      


 

 

Si les gentilshommes avaient le grand privilège d'être exempts d'impôts, c'est qu'ils étaient, astreints au service militaire, charge honorable, la plus noble de toutes, mais qui n'en était pas moins lourde à supporter. 

Seuls possesseurs des fiefs, puisque à l'origine quiconque était investi se trouvait tacitement anobli sans lettres et par la seule investiture, ils devaient au Prince leur seigneur suzerain, à cause de ces fiefs, le concours de leurs personnes et de leurs armes.

Plus tard quand les bourgeois purent acquérir les terres nobles, ils devinrent par là même sujets aux armes tout comme leurs devanciers ; mais le nombre de ces acquéreurs étant infime. 

On peut dire que pendant le XV° siècle le service de l'arrière ban fut la part à peu près exclusive de la noblesse. 

L'une des grandes erreurs de la Chambre de 1668 a été de ne pas tenir compte des montres : il eût été si facile de discerner sur les rôles de ces grandes revues militaires la part des bourgeois, part qui est si bien mise en lumière ! 

Sous les Ducs Jean, Pierre et François, l'armée bretonne était formée des troupes permanentes et des milices. 

Les unes, neuf cents hommes à peine, comprenaient les canonniers, la maison militaire, les ordonnances et la gendarmerie; 

les autres avaient trois subdivisions : l'arrière ban, les francs archers et les milices  urbaines. 

L'arrière ban (de l'allemand Heer Band) était la partie imposante, le gros de l'armée et la cavalerie. Tous les propriétaires de fiefs nobles en faisaient partie ; tellement, que les veuves et les mineurs eux-mêmes figuraient sur les contrôles et se trouvaient obligés de fournir un homme noble à leur place. 

Le harnois, c'est-à-dire l'uniforme et l'armement, se réglait par mandement des Ducs suivant les revenus des feudataires


L'uniforme n'était pas varié. Le voici, suivant les cas :
-La brigandine, haubergeon ou cotte de maille, armure de fer composée de lames jointes et servant de cuirasse.

 

 

 

 

 

« Raoul Couplière, seigneur de Quénard comparaît dans une montre de 1475, pour la paroisse de Sévignac comme archer en brigandine, et ajoute le document, il est douaire de la terre de Limoëlan,  sa femme saisie. 

Jean Durant représenté à cette même montre par Pierre son fils,  également archer en brigandine. 

Richard Guede jusarmier en brigandine possède deux chevaux, Eon Rouxel et Guillaume du Bois-Josse et Olivier Phelipot sont aussi jusarmiers en brigandine ; 

Richard Rolland est albalestrier en brigandine Jean Le Berruyer est archer en brigandine.

Aucune précision n’est en revanche fournie sur deux autres comparants : Olivier Monteret, noble en sa maison du bourg qui fut autrefois aux Anisan et Olivier Drouillac  »

« Thomas Cadet, noble à Mégrit, cité en 1472, est aussi présent dans les montres nobiliaires de Sévignac en 1475. Cette famille était déjà établie en la personne de Jacques Cadet à la Ville-Breheu à Dolo en 1410. »

« Jéhan Vieuxville, apparaît en 1475 dans les montres de Sévignac »

« Guillaume Rouveraye, idem. » 

Guillaume Agan (20 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît armé d'une jusarme ; 

Bertrand Bardoul, notaire en 1480 (20 livres de revenu) : excusé ; 

Raoul Couplière, sr de Quenar (100 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît en archer ; 

Gilles De Broonde Broondineuc (1000 livres de revenu) : excusé comme appartenant à une compagnie d'ordonnance ; 

Gilles De Kersalliou de Lymouellan (1200 livres de revenu) : comparaît comme homme d'armes ; 

Jehan de Launay (10 livres de revenu) : défaillant ; 

Guillaume de Rouillac (40 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît armé d'une jusarme ; 

Guillaume Du Boaisjosses (30 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît armé d'une jusarme ; 

Guillaume du Margaro  (700 livres de revenu) : excusé comme appartenant à une compagnie d'ordonnance ; 

Pierre Durant(80 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît en archer ; 

Olivier Gaulteron (10 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît en archer ; 

Raoul Gaulteron : défaillant ;

Richard Guede (60 livres de revenu) : comparaît revêtu d'une robe ;

Olivier Le Berruyer, sr du Margaro (120 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît armé d'une jusarme ;

Roland Le Borgne, sr de Pengaure (100 livres de revenu) ;

Pierre Le Levroux (20 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît armé d'une jusarme ;

Olivier Montelet (5 livres de revenu) : défaillant ;

Olivier Philippes  (5 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et comparaît en archer ;

Jehan Rolland (30 livres de revenu) : défaillant ;

Guillaume Rouveraye (5 livres de revenu) : défaillant ;

Jehan Vieuxville : défaillant

« A cette même montre figure Jean de Launay (voir Métairie des Aulnais) archer en paletoc.

 -Le paletoc, vêtement de gros drap qui se mettait comme la brigandine.

La brigandine, haubergeon ou cotte de maille, armure de fer composée de lames jointes et servant de cuirasse.

 

-La salade, sorte de casque sans cimier, presque un simple pot.


-Les gantelets, gants, garde bras, avant bras, lesches ou mailles de bras, brassards, gorgerettes et harnois de jambes.  

L'armement était plus compliqué. 

On y voyait : L'épée et la dague, l'arc et la trousse, l'arbalète et les traits, la javeline, la pertuisane, la coutille et les vouges et juzarmes.

D'où les noms d'archers, d'arbalétriers, de coutilleurs, de vougiers et de juzarmiers qui distinguaient les différents guerriers. 

  Ceci dit, voici, d'après le mandement de Pierre II du 15 février 1450, comment les possesseurs de fief nobles devaient s'armer en cas de convocation :

-Au dessous de 60 livres de rente, 

en brigandine ou en paltoc nouveau modèle sans manches, mais avec lesches ou mailles sur les bras, avec faculté de se servir d'arc ou de juzarme.


-Entre 60 et 140 livres, 

en archer en brigandine ou en juzarmier, avec un coutilleur (soit 2 chevaux).


-Entre 140 et 200 livres, 

en équipage d'homme d'armes (la tenue de la gendarmerie permanente de lanciers), avec un coutilleur et un page (soit 3 chevaux).


-Entre 200 et 300 livres, 

en équipage d'homme d'armes, avec un archer ou juzarmier en brigandine, un coutilleur et un page (soit 4 chevaux).


-Entre 300 et 400 livres, 

toujours en équipage d'homme d'armes avec deux archers, un coutilleur et un page (soit 5 chevaux).

Et ainsi de suite en augmentant d'un archer par cent francs de revenu.

Quand le Duc voulait mettre en mouvement cette énorme machine qu'était l'arrière ban, il publiait un mandement qui ordonnait les montres générales ou revues 

« des nobles, anoblis et sujets aux armes par raison de la noblesse d'eux ou de leurs fiefs », en donnant pour chaque évêché un lieu de réunion. 

« Il envoyait aux montres un commissaire et un capitaine assistés d'un clerc qui portait les rôles et d'un procureur pour verbaliser contre les délinquants. 

Après la montre, les gentilshommes élisaient leurs capitaines et attendaient l'ordre de mobilisation. 

Cet ordre était l'objet d'un second mandement où le Duc fixait les points de concentration assignés aux divers contingents ». 

Ainsi qu'on a pu en juger par ce qui précède, l'habillement, l'accoutrement et l'armement du feudataire étaient excessivement onéreux pour lui. 

S'il en coûtait peu aux seigneurs qui jouissaient d'un revenu de 1000 livres (nunc 40.000 francs) d'amener avec eux toute une petite troupe armée et équipée

 à leurs frais, en revanche, tel petit gentilhomme ayant 10 livres de rente (400 francs) était obligé de se saigner à blanc pour se rendre de Languidic à Vannes 

à cheval en brigandine et salade, avec épée, dague, vouge et le reste; et encore y arrivait-il pour s'entendre dire que son cheval ne valait rien (Languidic). 

Tel autre classé pour 100 sous de rente (200 francs) avait à faire près de vingt lieues pour venir de Langon sur son cheval avec paltoc, salade, épée, dague et 

lesches ; et pour l'encourager on lui déclarait à Vannes qu'il lui manquait, des gantelets et un vouge (Langon).

Mais ces malheureux petits gentilshommes avaient bien d'autres choses à payer sur leurs cent sous ou dix livres de rente : 

il leur fallait tenir un certain train et vivre noblement ;

ils avaient probablement des chiens, des armes de chasse ; leurs femmes, à défaut de bijoux, devaient dépenser quelque peu pour leur toilette. 

Combien restait-il de ces cent sous, dix livres, quand on partait pour Vannes avec des brigandines et des salades probablement rouillées et 

un vouge fabriqué sans aucun doute avec un fer de faux ?

                                                                                           La noblesse aux XV° et XVI° siècle, réformations et montres, 2001.

 

 

                                     

 

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