LE CHATEAU DE BRONDINEUF                               

La Bretagne était en pleine période de troubles quand vers 1156 le site de Brondineuf fut retenu pour y aménager une seigneurie. 

Le site avait déjà séduit les hommes qui vivaient à l’époque du Bronze, et les occupants romains. Il n’allait pas manquer de séduire Hamon de Broon. 

Une naissance gémellaire s’étant produite au château de la Motte-Broon, le seigneur du lieu fut bien soucieux quand à la manière dont il devait appliquer le droit d’aînesse. La voix de la sagesse revint finalement au duc Conan IV qui avait été averti de l’affaire, il suggéra au seigneur de la Motte-Broon de faire aménager une seigneurie en tous points semblables au domaine familial, le site de Brondineuf, fief de la famille de Bron fut finalement retenu. Ainsi tandis que Robert conservait la Motte-Broon, son « besson » prenait possession de Brondineuf.

Le duc de Bretagne Conan IV

Hamon II de Broon succéda à son père à la tête de la seigneurie de Brondineuf, il avait épousé une Delle du Châtelier dont il eut un fils prénommé Guillaume, lui-même marié à Marguerite de Trémereuc, fille du seigneur des Salles à Sévignac. 

Guillaume II de Bron fils des précédents épousa Marguerite Le Mayne qui lui donna quatre enfants : Jean seigneur de Brondineuf est cité dans la montre de 1475, il possédait aussi la terre des Aulnais à Sévignac, il épousa Marguerite Bodin, dame du Mottay en Evran, mais leur union fut sans postérité. 

Olivier, son frère épousa Macée Le Teiller, et de cette alliance naquirent quatre enfants : Gilles, François, Olivier et Gillette auxquels nous reviendrons. 

Jeanne l’aînée des filles de Guillaume II et Marguerite Le Mayne épousa Bertrand Millon, seigneur de la Ville-Morel à Broons, Sénéchal de Rennes et Président et juge universel de Bretagne en 1439. 

Trois enfants virent le jour chez Bertrand Millon : Jeanne, bénite par l’évêque de Rennes, l’an 1461, sous le duc François II , mourut en 1498 ; Guillaume Millon, devint abbé de Saint-Jacut, il mourut en 1498 ; Guillaume Millon, devint également abbé de Saint-Jacut, il mourut en 1461.

 Marguerite de Broon, fille de Marguerite Le Mayne, et sœur de Jeanne, épousa Rolland de Beaulieu. Gilles de Broon, fils de Macée Le Teiller succéda à son oncle Jean à la tête de la seigneurie de Brondineuf, il se maria avec Catherine de L’Hopital qui lui donna pour héritière une fille prénommée Françoise.

François de Broon, frère de Gilles fut premier panetier de la duchesse Anne de Bretagne, sur les conseils de laquelle il épousa en 1491 Miraumonde de Barasoin. De leur union naquirent Sébastien, Olivier et Jacques. Olivier, frère de Gilles & François devint religieux à l’abbaye St-Melaine de Rennes. 

Françoise de Broon, fille de Gilles & Catherine de L’Hopital hérita de la seigneurie de Brondineuf à la mort de son père. C’est Françoise qui « osta la terre et seigneurie de Brondineuf aux seigneurs de Bron », en épousant le 01 août 1498 en présence de la duchesse de Bretagne et de Olivier de Broon, son oncle : messire Gilles de Carmené, lequel était échanson de la duchesse.

 Ils eurent pour fils René né en décembre 1499 à St Malo.

         Ouvertures à Brondineuf

Blason retrouvé à Brondineuf

A son tour, l’arrière- petite-fille de Françoise : Péronnelle de Carmené -née vers 1520, fit changer Brondineuf de mains, elle épousa en 1565 René de Derval. 

Guillaume de Derval leur fils fut seigneur de Brondineuf, il fut cependant durant sa minorité mis sous la tutelle de son oncle Guillaume auquel il succéda. 

De son mariage avec Alix des Dezers, naquirent Gilles & François de Derval, seigneur de Vaucouleurs, François épousa successivement Guyonne Boucher puis Gillette de Lestang. Gilles fut seigneur de Brondineuf, il épousa Anne Troussier de la Maison de la Gabettière, c’est d’ailleurs le nom de cette dernière qui figure sur les linteaux de la chapelle comme nous le verrons. 

On lui devait également la reconstruction du château de Brondineuf, probablement ruiné lors des guerres de religion, une inscription mentionnait

« FAICT PAR DAME ANNE TROUSSIER VEVVE DE MESSIRE GILLES DE DERVAL SEIGNEVR DE BRONDINEVF EN L’AN 1641 »

 Sur un autre linteau l’identité de la dame du lieu ANNE TROVSSIER

De l’union de Gilles de Derval & Anne Troussier naquirent quatre enfants : Claude, héritier de Brondineuf uni en 1652 à Jeanne de Saint-Gilles ; Louis sieur de Guéyvon à Mérillac ; Pierre, sieur de la Brière ; & Georges. Jean-Baptiste de Derval, fils de Gilles & de Jeanne de Saint-Gilles  épousa Renée-Catherine Hay, dame de Couëllan en Guitté, ils eurent une fille Françoise.

Née en 1698 à Brondineuf, Françoise de Derval épousa le 3 octobre 1715 en la chapelle de Brondineuf son cousin Pierre de Saint-Pern, sgr de Ligouyer (+ 1725) Françoise mourut à Paris St Sulpice le 3 octobre 1731, elle laissait deux fils : René Célestin & Louis Bonaventure.

Armes

de Broons,(idem armes de Derval) de Carmené, de St-Pern.

René Célestin de Saint-Pern naquit à Brondineuf le 14 septembre 1716, il hérita de Couëllan & de Brondineuf, et fut placé sous la tutelle de son oncle Judes-Vincent de Saint-Pern, il entra au service du roi, et participa notamment à la bataille de Saint-Cast, cependant il démissionna de l’armée après son mariage avec riche héritière : Marie Philippe de l’Olivier de Saint-Maur dont il eut dix-neuf enfants. 

Tous ne vécurent pas mais cela nécessita l’agrandissement du château de Couëllan de 1775 à 1777. L’aîné Gilles-Judes devint seigneur de Brondineuf, il était capitaine des carabiniers, chevalier de l’Ordre du Roi et militaire de Saint-Louis.

LOUIS BONAVENTURE DE SAINT PERN

Louis Bonaventure de Saint-Pern, naquit en 1718. Entré au service du roi en 1735, il occupa le grade de lieutenant colonel et se distingua à la bataille de St-Cast en 1758, en 1776, il traversa l’Atlantique avec les troupes de Lafayette et fut combattre pour l’Indépendance américaine.

La bataille de Saint Cast

C’est de là-bas qu’il rapporta ce tulipier de Virginie, désigné quenouille à madame. *

Bataille de St-Cast

Quand la révolution arriva, certains de ses enfants ayant émigré, en 1791, René Célestin de Saint-Pern fut arrêté de même que sa femme et incarcéré à Saint-Malo.

Puis ils furent emmenés à Paris où la marquise fut décapitée ce 20 juin 1794, puis ce fut le tour de sa belle fille et de son petit-fils Jean Baptiste Marie Bertrand de St-Pern**.

** Condamné à la place de son père absent. Il a été guillotiné avec sa mère (Marie Jeanne Magon) tandis que sa soeur Amélie Laurence Marie Céleste, a été sauvée in extremis, les autorités ayant été convaincues par l'époux de celle-ci, Toussaint de Cornulier, qu'elle était enceinte

Ctesse de St-Pern née Louise-Mathurine-Hyacinthe de St-Pern 

Ctesse de Calan, née Emilie-Louise St-Pern (fille de la précédente)

 Puis vint la Révolution, le château de Brondineuf fut un temps comme celui de Limoëlan transformé en magasins militaires. 

Le vieux marquis René Célestin de Saint-Pern mourut en prison de chagrin et d’épuisement peu après âgé de 79 ans, c’était le 4 octobre 1795.

Les scellés furent apposés sur les greniers du lieu, néanmoins, Maurice, l’un des administrateurs du district de Broons autorisera

 « la ci-devant citoyenne Françoise Bazil, femme de confiance et gardienne de Brondineuf a prélevé la quantité de grains nécessaire pour l’ensemencement des terres et métairies à moitié dépendantes de cette maison et pour la nourriture des différentes personnes qui sont chargées de leur exploitation. »

Louise de Saint-Pern, fille de René Célestin hérita de Brondineuf, elle épousa le comte Paul-Henri de Saint-Pern, leur fille fut prénommée Emilie-Louise.

Emilie-Louise de Saint-Pern était née en 1791, c’est à Saint-Brieuc qu’elle s’éteignit en 1829. Elle avait épousé Alexandre René Marie Fidèle de La Lande de Calan, dont elle eut une fille : Amélie (1814-1863). Cette dernière épousa d’abord Elisée Rouxel de Lescouët, dont elle eut une fille : Louise Alexandrine Rouxel de Lescouët ; devenue veuve, Amélie de La Lande de Calan épousa ensuite René Foucault de Launay (dont René & Jeanne Alexandrine).

Louise Alexandrine Rouxel de Lescouët née en 1838 à St Brieuc, fut unie à Louis Gouzillon de Bélizal, le frère de ce dernier ayant épousé Jeanne Alexandrine Foucault de Launay. Louise Alexandrine Rouxel de Lescouët née en 1828, héritière de Brondineuf épousa Louis Gouzillon de Bélizal ; leur fils Louis naquit à Cavan en 1867, et épousa en 1893 Marie-Zoë-Caroline Huon de Penanster, c’est lui qui revendit Brondineuf en 1919. 

 ***Vers 1890 Brondineuf était occupé par une colonie agricole formant une succursalle de Saint Ilan (fondé en 1843 devenu depuis école d'horticulture de St Ilan à Langueux) , dont Archille Duclésieux était le fondateur. Selon Bertrand Robidou, 60 journaux de landes  et de bois avaient été défrichés. 

Une famille broonaise acheta le beau domaine, cependant, peu à peu l’endroit allait perdre quelques une de ses plus belles parures : le corps de logis Louis XIII…

Aujourd’hui des douves cernent l’endroit, bien qu’ayant été partiellement comblées, il subsiste malgré tout quelques beaux restes, et la chapelle voisine récemment restaurée, conjugue avec le cadre un lieu bien agréable encore rempli de la grandeur d’antan.

Armes Foucault, Rouxel de Lescouët & Gouzillon

Au hasard des pages des registres de décès de Sévignac :

« Missire Jean de Derval, Sr de Brondineuf, fief de Broons ***, inhumé le 5 octobre 1715».

« Marie René Bertrand de Saint Pern de Ligouyer, âgé de 6 semaines, fils de Bonaventure et dame de Derval, de Brondineuf, a été inhumé le 4 août 1724 en présence de Claude Richard de Brondineuf, François Sauneuf, Julienne de la Sigonnière sa nourrice. »

« Emilie-Anne de Saint-Pern, âgée de 71 ans, fille de Bonaventure et dame de Derval, de Brondineuf, a été inhumée le 26 floréal an IX en présence de Marguerite Crosnier, domestique sa gardienne, Toussaint Moisan, laboureur, voisin. »

Le 25 juin 1676, Gilles Gauven marié à Gillette Billy de Brondineuf à Sévignac, parait dans un aveu pour acquisition de biens avec Alain Gauven, son frère.

Un porche cintré

Une vue romantique du site de Brondineuf

Due au talent d’un enfant du pays : Bernard Roullois

Le même pont

La vente du domaine

***les seigneurs de Brondineuf possédaient les halles de Broons, ainsi que le bois de Broons, ils détenaient des fiefs sur Broons (Penhouët, Le Fief…) ainsi que le droit de banalité à Broons (un four à l’angle des rues de la Croix Plate et de la Normandais).

Les arrières de Brondineuf

Brondineuf château disparu ci-dessus côté cour

Brondineuf château disparu  côté parc