Le 14
octobre 1922 à Saint-Brieuc, une affaire passionne les habitants de Sévignac,
et pour cause l’inculpé était natif de Pengly.
Prit d’un accès de folie, après s’être enivré, il noya
ses enfants dans une mare attenant à sa ferme située au Bois-Mottay en
Plélan Le Petit.
Voici
les faits relatés dans les Côtes du Nord :
« Nous
n’avons nullement l’intention de rappeler les faits à nos lecteurs l’horrible drame du Bois-Mottay en Plélan Le Petit, il est
encore présent à la mémoire de tous. Nous dirons simplement que ce père
indigne, ce monstre a payé mardi matin, sa dette à la société.
L’exécution a eu lieu à St Brieuc devant la porte de la prison où
monsieur Deibler et ses aides avaient monté la sinistre machine. A
quatre heures, les magistrats sont arrivés : messieurs Brohan
procureur de la République, Jenvrin substitut, Havard juge
d’instruction, qui ont donné un coup d’œil d’inspections aux
barrages, sont rejoints par Mathonnet, greffier en chef, Gautier
commissaire, monsieur le commandant Bret, monsieur Le Quemeur commis
greffier, et monsieur le docteur
Tostivin
Tous
pénétrèrent dans la maison d’arrêt, et, précédés de monsieur Sénac,
gardien chef et des gardiens se dirigent vers la cellule d’H. dont la
porte est restée ouverte.
L’homme
dort profondément, monsieur Sénac lui frappe sur l’épaule par deux
fois :
-H. !
H. ! Monsieur le procureur a à vous parler.
Le
prisonnier se met sur son séant, regarde autour de lui d’un air hébété,
monsieur Brohan très pâle se découvre.
H !
votre recours en grâce est rejeté. Le moment de l’expiration est
arrivé. Avez-vous quelque révélation à faire ?
-Rien !
-Voulez
vous voir l’aumônier ?
-Oui !
-Nous
vous laissons avec lui
L’assassin
n’a pas une défaillance, puis tout à coup :
-Ah !
Je suis bien content de mourir, je vais revoir mes petits enfants !
Maître
Fouqueron, le dévoué défenseur, arrivé il y a quelques instants,
prodigue au condamné quelques bonnes paroles et des consolations
qu’il écoute sans mot dire. H. reste seul avec l’abbé Garnier. Après
s’être confessé, H. entre ses deux gardiens, est conduit sous le préau
d’où il entend la messe, dite par l’abbé Bourdonnet, directeur des
Sourds-muets, monsieur l’abbé Garnier, aumônier reste aux côtés du
prisonnier. La messe terminée, H. est ramenée dans sa cellule. On lui
apporte un verre de rhum dans un quart :
-j’aurais
bien le temps de le boire dit-il.
Puis
il bourre sa pipe et l’allume. Enfin il demande à voir un gardien,
monsieur Le Dantec, et le remercie avec émotion ; Pendant ce
temps, le ciel a blanchi, le fourgon entre à reculons dans la cour.
Monsieur Deibler reparaît avec ses trois aides…le moment est arrivé.
H. toujours fumant, est conduit au greffe.
L’exécuteur signe la levée de l’écrou : l’homme
désormais lui appartient. On enlève les fers au condamné qui lui-même
retire sa veste.
Quatre coups de ciseaux, le col de la chemise tombe, le torse
est presque nu. Pendant le ligotage, le prisonnier gémit faiblement et
soupire. Aidé de deux prêtres, H. monte dans le fourgon accompagné
des aides de l’exécuteur. On part.
Nous
nous joignons au groupe de magistrats. On suit le chapeau bas la
sinistre voiture où une agonie se prolonge. Sur le passage, les troupes
portent les armes, la gendarmerie met sabre au clair.
Dans le jour levant, les coteaux lointains sont garnis
de curieux aux fenêtres : on se presse là-bas vers Gouëdic.
La voiture pénètre dans le cercle. Monsieur Gautier se découvre, tout
le monde l’imite. H. parait toujours ferme, la pipe à la bouche…une
dernière bouffée. Il est saisi par des aides, jette un dernier regard
indifférent sur l’instrument de mort…
Quatre pas Puis dans un silence le bruit mat sur la planche
qui bascule sous la lunette, et dans l’éclair du couperet,
l’effondrement de la loque qui roule dans le panier de zinc…
Désormais,
le crime de Plélan Le Petit n’appartient plus qu’aux annales
judiciaires.

Le
prévenu d’après la caricature parue en octobre 1922
***Le
dénommé H. après avoir commis son forfait essaya de supprimer également
sa femme, mais celle-ci parvint à trouver refuge au village des Récines
à Sévignac, quand à lui, il s’enivra à l’eau de vie et tenta
d’entraîner dans sa beuverie
un habitant de St-Cado .
Voici
un extrait de la complainte composée lors de ce crime, et dont les
couplets retentirent lors des foires et marchés de Broons :
« Gens
des villes et des campagnes, vous qui avez des enfants, aimez les bien
tendrement, car vous voyez dans ces chers petits chérubins, parfois de
biens tristes destins. »
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