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Pierre Mordelet, meunier de Saint Gildas

vendredi 9 mai 2008, par Guy Mahé
MOTS-CLÉS :  / manifestation / annonce / cousinages / vie_sociale / cousinade

 


Lorsque survint la Révolution, vivaient au village du Quélennec (commune de Saint-Gildas, près de Quintin, dans les Côtes d’Armor) le meunier Charles MORDELET et sa famille. Leur histoire nous est transmise par la tradition populaire, confirmée par différents documents.

Le 13 brumaire an V, il fit l’acquisition d’un « domaine national », à savoir les deux moulins du Quélennec, qu’il avait affermés en 1781.

Pierre, son fils aîné, meunier lui aussi, non seulement exploitait les moulins, mais était secrétaire greffier de la municipalité de Saint-Gildas.

A l’arrivée des Chouans dans la région de Quintin, il fut victime de leur vindicte : le 17 frimaire an VIII ils le pendirent à un hêtre. Dans le village, on dit que sa femme, Eulalie PORCHERON, coupa la corde à l’aide d’une faux. Les textes ne sont pas aussi précis. Mais on sait qu’il survécut, muet, jusqu’en 1819. Cette affaire donna lieu à différents jugements.

Ses descendants se proposent de commémorer ces événements au pied du magnifique hêtre tricentenaire qui existe encore, le 10 août prochain.

Si vous faites partie de la descendance de Pierre MORDELET, merci de contacter Yvon MORDELET

E-mail : ti-an-aod wanadoo.fr


Voir la brève

Tableau de cousinage

Localisation

Le moulin au cadastre


Le Quélennec en Saint Gildas
Le Quélennec en Saint Gildas

Message de Michel Guillou (adh. CG22 416) à Guy Mahé du 24 juin 2007

Bonjour,
Je viens de m’aperçevoir que vous êtes descendant de Pierre Mordelet, le meunier de Saint Gildas qui eu quelques ennuis avec les chouans :

Suit ce qui nous a été exposé de la part de citoyen Pierre Mordelet cultivateur demeurant commune de Saint Gildas, que par contrat lui consenti par l’administration centrale du département des Côtes du Nord, le treize brumaire an cinq (03 novembre 1796) enregistré à Saint Brieux le trois frimaire suivant par Querangal, il auroit acquis de la république, les grande et petite métairies les moulins et étangs du Quellenec en Saint Gildas pour une somme principale de vingt sept mille huit cent soixante dix francs dix centimes (27870f 10c), les frais outre : qu’ayant achetté ce domaine national, sur la garantie lui promise par la constitution ; il en a joui paisiblement jusqu’au mois de Brumaire an huit, temps ou la chouannerie recommence ses horreurs dans ce département : alors on commence à l’inquiéter et à le poursuivre pour l’assassiner on le manqua différentes fois, mais enfin on le captura le dix-sept frimaire an 08 décembre 1799) on le traîna dans sa maison en l’écrasant de coups on lui passa une corde au col, l’on le pendit à un arbre à la sortie de sa cour. L’on ne sait par quel mouvement l’un des assassins coupa la corde avant qu’il fut étranglé : il fut longtemps sans connoissance, mais enfin il revint à la vie, s’il vit encore le motif pour lequel on lui fit souffrir tous ces outrages, cétoit pour le punir d’avoir achetté un bien d’émigré. Le vol et le pillage qu’on exerça sur sa fortune, c’étoit disait-on pour le faire restituer les jouissances de ces biens, l’on ne le laissoit vivre que pour lui donner le temps de restituer ce bien à la famille de l’émigré ancien propriétaire, il n’avoit donc qu’à choisir entre la mort la plus cruelle ou la perte de ce bien. Il préféra la vie escomptant sur la garantie lui promise par la république de le maintenir dans la propriété qu’elle lui avoit vendu ne seroit pas vaine ; qu’un jour viendroit où la loi reprendrait son empire, et qu’elle le réintégreroit dans la possession que la violence lui arrachait.

Le 23 frimaire an 8, il signa devant Hervé notaire à Quintin un acte par lequel il abandonne les petite et grande métairies, les moulins et étangs du Quellenec au citoyen Pierre Pouligo se disant agir comme procurateur de Marie-Françoise-Joséphine Chavagnac sœur de l’ancien
propriétaire des dits bleus émigré, et cela pour une somme de huit mille francs que cet acte porte avoir été comptée payée par Pouligo à ledit parent dont il donne quittance, mais la vente est que Pouligo ne compta pas un sol à Mordelet . Qu’en cela l’acte est faux : que ce prétendu prix de 8000 f fut composé des jouissances que les posant avoit faite des lors de son acquisition, et de trois mille cinq cent francs que Pouligo s’obligea de payer au citoyen Volozenne en son acquit, ainsi qu’il sera prouvé même par écrit et par témoins. Cette prétendue vente porte dans son estime il n’y a pas de volonté dans le prétendu vendeur, ni de prix de la chose prétendue vendue. Enfin fut aux spoliation faite par violence commandée à sont encontre avec menace de la mort et pour ainsi dire exécutée c’est d’une spoliation faite sur les acquéreurs de domaines nationaux par et au nom des émigrés dont parle le gouvernement dans une circulaire adressée à ses commissaires près les institutions criminels en les chargeant de veiller à la répression de ces attentats contre la voi publique. L’acte du 23 frimaire est nul et faux tout à la fois, l’exposant est donc toujours demeuré propriétaire des lieux par lui acquit : cependant par une suite de la première violence, on lui eu fait payer les revenus, d’iceux vendus et abattus les bois au moins pour huit mille francs. Jusqu’à ce jour il n’avait osé rien dire, mais la guerre civile paroissant éteinte dans nos malheureuses contrées, le gouvernement après avoir connu les atrocités commises en ce genre ; ayant manifesté son intention de les réprimer. De porter secours et protection à ceux qui se confiant à lui ont acquis des domaines nationaux, il est enfin temps de poursuivre le redressement de tant de griefs, et a avoir sa propriété.

A ces causes Pierre Mordelet nous a requis citation contre le citoyen Pierre Pouligo, se disant et comme procurateur de Marie-Françoise-Joséphine Chavagnac, et cette dernière en sa personne et à son domicile afin de conciliation sur l’action qu’il eut dans le dessein de former contre ladite Chavagnac, et même contre ledit Pouligo, pour faire déclaré le prétendu contrat du vingt huit frimaire an huit tout à la fois faux et nul, de faire en conséquence réintégration dans la propriété, jouissance et disposition des biens par lui acquis de la
République par le contrat du treize Brumaire an cinq avec rapport des levées et bois vendus et abbatus , et ses dommages et intérêts qu’il réserve d’articuler.

Et a signé : Pierre Mordelet, Honoré Fleury

En conséquence nous, juge de paix du canton de Quintin, citons le citoyen Pierre Pouligo aux qualités demeurant rue Gloria à Quintin et en sa personne et à son domicile ladite citoyenne Chavagnac à comparoitre devant nous à notre bureau de paix rue au Lait dudit Quintin le mardi
dix-neuf pluviose prochain dix heures du matin, pour répondre à la conciliation avec ledit Mordelet, si faire se peut sur les faits par lui cy devant exposés ou à défaut pour être renvoyé plaider au tribunal compétent. Donné par nous susdit juge de paix à notre bureau à Quintin ce vingt et un nivose an onze de la République.

Le juge de paix H. Fleury

Soussigné Pierre Antoine Avenel huissier de justice de paix du canton de Quintin demeurant commune de Quintin, y patenté le 12 germinal an dix n°30 3ème classe ai notifié copie de la présente cedulle audit Pierre Pouligo demeurant commune de Quintin parlant à sa personne, trouvé à domicile susdit.

Ce jour vingt-quatre nivose an onze de la République française. P.A.

Avenel huissier

Enregistré à Quintin ce vingt-quatre nivose an onze fo 73 caze1 (14 janvier 1803)

Reçu un franc dix centimes Ollivier.


Son fils Joseph Mordelet, meunier, fut maire de St Gildas 1835-1846.

Il y a une tradition orale, dans la famille, à ce sujet : “ le meunier pendu ” cette tradition disant que c’est sa femme, qui d’un coup de faux aurait coupé la corde avant qu’il ne soit trop tard.

Cordialement
Michel Guillou


Voir en ligne : Réunion des descendants de Pierre Mordelet





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