SOUS
LA LAMPE
I
Sous la lampe où,
le soir, j’écrivais sans relâche
Durant que tu
cousais en fredonnant tout bas,
Me voilà triste
et seul et pleurant comme un lâche
Les deux bras sur
la table et le front sur mes bras !
II
Tu nous fus, si
longtemps, rieuse, tendre et bonne,
Que la lampe,
elle-même, expire de douleur :
Son verre se
craquèle et sa mèche charbonne
Et l’abat-jour
a l’air d’un vieux saule pleureur !
III
Et je sens que,
bientôt, la nuit sera profonde
Et que je vais
hurler de terreur et d’ennui
Comme un enfant
peureux, tout seul, tout seul au monde,
Sans un cœur
maternel pour éclairer sa nuit !
IV
Reviens !
Sois indulgente et douce et charitable !
Reviens, pour
ranimer la tremblante lueur
De la lampe qui
meurt au milieu de ma table,
De la flamme qui
meurt au milieu de mon cœur !
V
Reviens et, de
nouveau, la maison endormie,
Je reprendrai ma
plume alerte aux fiers combats
Et rimerai des
vers près de la lampe amie
Durant que tu coudras en fredonnant tout bas !
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