C’est
le fils de Guillaume, un certain Olivier qui porta le premier le titre
de seigneur de la Moussaye, et se retrouva pourvu du domaine de la
Moussaye à Plénée et de la Rivière Moussaye à Sévignac.
ancien
château de la Mousaye - côté de la cour
Armes
de la Moussaye
Armes Gouyon
Gervais
de La Moussaye l’un de ses descendants fit une donation à Boquen en
1264, Bertrand qui semble être le petit fils de Gervais vivait en 1370,
il épousa Isabeau de Plumaugat. Leur fils Guillaume de La Moussaye se
maria deux fois, d’abord à Ollive du Margaro, de la dite maison en
Rouillac, puis à Jeanne Maimbier. C’est par le premier lit que se
poursuivit la filiation de la maison qui nous intéresse.
Guillaume
II de La Moussaye, fils d’Ollive du Margaro eut lui-même pour fils
Amaury de La Moussaye, qui était échanson et chambellan du duc François,
et Grand Veneur de Bretagne en 1443. Les montres nobiliaires pour la
paroisse de Sévignac le donne déjà en 1428 à la Rivière Moussaye.
Tout laisse penser que le château de la Moussaye en Plénée fut
abandonné après la guerre de Succession de Bretagne à la fin du XIVème
siècle et que durant près de deux siècles, la Rivière Moussaye en Sévignac
devint alors l’une des résidences favorites de la famille de La
Moussaye et de ses héritiers. Amaury II de La Moussaye, fils du précédent,
possédait aussi à Sévignac « la maison de la
Guehenuxhaye » autrement dit la Guénochais, où il subsiste en ce
village les restes d’une tourelle et l’emplacement de douves comme
nous le verrons à l’article consacré à cet endroit. La montre de
1475 ajoute que Dom Bertrand Guéhenneuc, était « prestre en sa
trêve ». ce qui atteste la présence d’une chapelle à la
Rivière-Moussaye,
thèse corroborée par une parcelle désignée la Chapelle. Amaury II de
La Moussaye laissa deux enfants : François dont le fils Jacques
mourut dans un duel à l’âge de 21 ans, et Gillette qui épousa en
1506 Guy Gouyon. Jacques, fils des précédents épousa Louise de Châteaubriant
puis Marie Loizel.
Amaury
I Gouyon
fils de Louise de Chateaubriant, nous est connu à travers les mémoires
que laissa son fils Charles. Né en 1532, Amaury I Gouyon, se maria
trois fois. C’est de son union avec Catherine de Guémadeuc que naquit
en 1549 Charles Gouyon. Charles Gouyon auteur d’un manuscrit
laissé à sa postérité. Cet ouvrage connu sous le titre de
« Mémoires de Charles
Gouyon, baron de la Moussaye 1553-1587 »
a été rédigé par G. Vallée et P.Parfouru et a été
publié en 1901. On apprend comment le jeune Charles Gouyon page
à la Cour de Catherine de Médicis s’y prit afin de courtiser celle
qui allait devenir un jour la mère de ses enfants : Claude du
Chastel.
A
priori, rien
n’aurait dû empêcher le mariage entre les deux jeunes tourtereaux,
si ce n’est que Charles était catholique et Claude
protestante.
Pourtant, contre
vents & marées, alors
que son père bien-aimé menaçait de le déshériter,
Charles se convertit à
la Religion Réformée, et écrit il : « Le 20me jour du moi
de may 1571, nos nopces furent faictes. Ma maîtresse fut
habillée dans la chambre de la Royne mere, et croy qu’elle avoit pour
plus de deux cent mille escus de pierreries sur elle, y ayant celles de
la couronne. Le Roy la conduit par la main jusque à la porte de la
chapelle du chasteau tout joignant la salle haute de Gaillon… »
L’année
suivante, le 18 août 1572
se déroula le mariage d’Henri de Navarre avec la fille de Catherine
de Médicis, Marguerite de Valois. Ami du Béarnais,
Gouyon fut convié au mariage, il s’y rendit et revint dès le
lendemain afin de rejoindre sa belle
restée à la Rivière-Moussaye. Cinq jours plus tard,
l’effroyable massacre de la Saint-Barthélemy était ordonné par
Catherine de Médicis.
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Le
massacre de la Saint-Barthélemy |
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La
plupart des protestants présents dans la capitale furent massacrés.
Charles Gouyon eut connaissance des faits à son retour à Sévignac :
« Sur
ces entrefaites, la journée Saint-Barthélemy avint, et lors ma chère
femme et moy estions à la Rivière, où environ la minuict, nous en
eusmes lettre pleine d’effroy, car on disoit partout le royaume les
huguenots, (qu’ils appeloient). Cela nous fit fermer les portes. J’avois
alors de bons chevaux et six ou sept bons hommes et puis beaucoup
d’amis ; cela me rasseura et mesme ma chère
femme, laquelle employe la plupart deu temps en prière et
oraison à Dieu… »
Six
enfants naquirent de l’union de Charles Gouyon et Claude du Chastel,
certains virent le jour à la Rivière-Moussaye d’autres à Plouer,
autre résidence possédée par le couple.
L’année
1582 fut sans doute « l’annus
horribilis » pour Charles Gouyon, d’abord le duc de Mercoeur
ennemi déclaré des protestants, fut nommé gouverneur de Bretagne et puis le 21 octobre de
cette année là, s’éteignit à la Rivière-Moussaye Amaury Gouyon,
père bien aimé de notre chroniqueur, il nous en a laissé un passage
émouvant :
« …Aussy
tost qu’il fut arrivé céant, il se fit porter en la chambre de ma
chère femme, où il se réjouit de la voir sy bien se porter et mère
deux fils vivants, car il y en avoit deux morts, à sçavoir les deux
aînés. Ma
chère femme au contraire, s’attriste de le voir sy déffaict
avec une douleur sy mauvaise. S’estant faict porter dans sa chambre et
mettre au lict, il
commença à discourir de plusieurs affaires ; je ne le trouvai
jamais de sy sain entendement, ny de meilleurs propos. Il se pleigneoit
de dévoiement d’estomach ; ma femme lui faisoy tout le secours
qu’elle pouvoit par ses demoiselles, et donne ordre d’envoyer
querir Mr Besançon, médecin ; et l’attendant, on avoit faict
venir un apothicaire de Lamballe. Mon père changea de chambre et tous
ses discours estoient toujours tenant la mort, asseuroit estre content
de la présente vie et qu’il estoit disposé de la laisser sans aucun
regrets qu’en ma femme et moy ; toutefois, il s’éjouissois et
consoloit en nous. Et combien je luy remontras se que je l’avoys veu
plus mal une fois, que mesme j’avois esté bien en d’autres dangers,
cela ne servois de rien, car il alléguoit d’autres raisons qu’il n’en
pouvoit relever ajoutant derechef qu’il n’avoit aucuns
regrets en cette vie et présente lumière, ne désirant plus jouir que
du repos aeternel et vie coeleste. Trois jours après qu’il fut
arrivé, il demanda à se lever, s’estant esveiller comme en
sursaut ; il ne recognut plus ses gens, leur demandant qu’ils
estoient, il commenda qu’on le levast de sa chaire ; y estant, il
commenda au prêtre qu’il priast Dieu, lequel incontinent le fist, les
prières estant finies, ils les fit recommencer et commenda qu’on
m’envoya quérir et qu’il vouloit estre porté en ma chambre. Je fus
incontinent à luy et le trouvay en sa chaire, comme s’il s’eust
reposé ; mais je vei bien qu’il vouloit rendre l’esprit, car
il ne remuoit plus et n’estoit presque possible luy voir prendre
haleine. J’envoyay quérir de l’eau de canelle et luy donnay une
ceuillerée ; lors il revint comme s’il se fust éveillé. Je luy
demanday s’il vouloit estre porté en ma chambre, il me répond qu’ouy,
je luy fis porter, et le voyant en cet estat, je me retiray en mon
cabinet pour prier Dieu pour luy et pour le salut sde son âme. Je
redescens et le trouvay en sa chaire auprès du feu ayant la teste
appuyée sur la main d’un de ses gentilhommes, où il mourut sans que
le dit gentilhommes s’en aperceust ; et son deceix m’aporta une
extresme afliction… »
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Catherine
de Champagné, marquise de
la Moussaye et à droite son fils Amaury III
L’un
des six enfants de Charles Gouyon et Claude du Chastel fut Amaury II,
né en 1577 il
demeurait la Rivière-Moussaye
à Sévignac quand il épousa
le 12 avril 1600 Catherine
de Champagné, de leur
union naîtrons trois enfants : Amaury III ci-dessous ;
François, baron de Nogent, et Brandelis,
baron de Juch + Hollande.
Quatrième comte de Plouër, Amaury
III, fils des précédents naquit en 1601, élevé à son tour dans
toute la rigueur de la religion réformée, il épousa le 11 avril 1629
à Sedan, Henriette de la Tour d’Auvergne, princesse de Sedan –sœur
du maréchal de Turennes.
La
marquise Henriette de la Moussaye et
son mari entreprirent à Quintin la construction d’un
château et de
fortifications que Louis XIV fit arrêter.
Le
marquis et la marquise de La Moussaye
organisèrent des prêches à Quintin, ce qui ne manqua pas
d’inquiéter l’évêque de Saint-Brieuc, Denis de la Barde.
Il fit fermer ce prêche, mais la marquise ne voulant pas céder
en ouvrit un second dans un lieu retiré, proche de la forêt mais
l’évêque ne transigea pas. C’est sur les marches du Parlement de
Bretagne que Mgr de La
Barde rencontra madame de La Moussaye,
celle-ci agacée par l’ecclésiastique
l’injuria et le gifla. L’affaire était grave, mais
l’évêque accepta les excuses de la marquise et on en resta
là.
Portrait de monseigneur Denis de
la Barde
C’est
en 1665 qu’Amaury III de la Moussaye s’éteignit, sur les neuf
enfants que lui avait donné son épouse, ne restaient que deux
filles : Elisabeth et Marie. Elisabeth épousa en
1669 le calviniste René de Montbourcher.
M. de Montbourcher s’était illustré au service du Roi
de France, le 4 novembre 1673, il avait reçu le régiment de
cavalerie de Culan ; puis il avait combattu d’abord à Mulhausen
et à Turkeim, Haguenau….
Résidants au château de la Moussaye
en Plénée, M. le marquis et sa femme, préférèrent fuir la France lors de la
révocation de l’Edit de Nantes.
Elisabeth, son époux et sa sœur Marie quittèrent la France
pour la Hollande en abandonnant leur bien. Ils furent arrêtés près
d’Avesnes, en limite de la frontière Belge,
par des paysans chargés de barrer la route aux émigrants. Une
bagarre éclata, M. de Montbourcher tua l’un des paysans et
madame la marquise fut blessée. Montbourcher fut incarcéré à
Lille, sa femme à Cambrai et sa belle-sœur à Tournai. Voyant qu’il
n’y avait plus aucune issue, Montbourcher accepta de se convertir, Marie demeura
inflexible, pour avoir une nouvelle fois
essayé de s’enfuir, elle fut enfermée un temps à la
Bastille, puis expulsée en
Angleterre où elle mourut en 1707.
René de Montbourcher fut nommé en
1688 maréchal de camp, il fut tué cette même année lors du siège de
Philippsburgh.
Siège de Philippsburgh
Ce
sont les époux
Montbourcher qui entreprirent la réfection de la nef à la chapelle de
Saint-Cado. Voir
St-Cado. Madame la marquise se retrancha à La Moussaye
où elle vécut retirée du monde. Elle abjura le protestantisme le 17
avril 1701 alors qu’elle était très malade. Le dimanche suivant,
elle reçut l’extrême onction et s’éteignit à La Moussaye âgée
de 63 ans, le 17 mai 1701 vers sept heures du matin.
Dans
le Registre des décès de la paroisse de Plénée on peut lire :
« Haute
et puissante dame Elisabeth Gouyon, dame marquise du Bordage, s’étant
retirée tout à fait du monde depuis quelques années, pour penser plus
sérieusement à son salut, abjura la religion prétendue réformée le
17 avril 1701 entre les mains de son curé par permission du seigneur évêque
d Saint-Brieuc son prélat ; entendit la sainte messe le dimanche
immédiatement suivant, communia et reçut l’extrême onction, mourut
saintement le 17e mai sur les sept heures du matin dans son
château de La Moussaye, âgée de 63 ans et fut inhumée dans l’église
de Plénée le 19 sans autre pompe ni magnificence qu’une grand- messe.
Affluence du peuple. » René de Montbourcher et Elisabeth Gouyon
eurent deux enfants : René Amaury de Montbourcher, (1670-1744),
marquis du Bordage, arrêté en même temps que ses parents, on le ramène
à Paris où il est placé au collège Louis Le Grand, il abjure entre
les mains du Père lachaise, confesseur du Roi, célibataire, il meurt
le 19 mars 1744 à Paris. et Henriette de Montbourcher (1671-1751), arrêtée
aussi avec ses parents, elle fut ensuite confiée à madame de Miramion,
le 4 décembre 1699 elle épouse François de Franquetot, duc de Coigny, Maréchal
de France (+ 1761).
Jean
Antoine François de Franquetot, né le 27 septembre 1702 fut Gouverneur
et grand bailli de la ville et du château de Caen.
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Armes
Franquetot de Coigny |
Promu général des dragons et maréchal de camp en 1734, il fut tué en
duel par le Prince de Dombes, fils du duc du Maine –bâtard de Louis
XIV & de madame de Montespan.
Au cours d’une partie de jeu avec le
Prince de Dombes, Coigny aurait déclaré à propos de son
adversaire : « il est plus heureux qu’un enfant
légitime. ».
C’est le 4 mars 1748 sur la route de Versailles
que le duel se déroule aux flambeaux, Coigny blessé à mort est
replacé dans son carrosse de telle manière à laisser croire qu’il
serait mort accidentellement.
En 1769 Marie François Henry
Franquetot, duc de Coigny possède la seigneurie et toutes ses
terres, le domaine qui s’étend sur les paroisses de Plénée,
Sévignac, Le Gouray, Tramain et Dolo comprend 16 maisons et métairies
–dont faisait partie La Rivière-Moussaye. Le domaine sis en la
paroisse de Sévignac relevant du fief de Beaumanoir-Limoëlan.
Duc de Coigny
Le
3 mars 1782, la seigneurie est vendue par Marie François Henry
Franquetot, duc de Coigny, pour la somme de 432 000 l. au comte
Jacques Joseph de La Motte de Broons de Vauvert, lequel réside à
Sévignac et manifeste peu d’intérêt pour La Moussaye.
« Jacques
Joseph de La Motte,
décédé à Broons, à l’âge de 59 ans, chef de noms et d’armes,
chevalier comte dudit nom, issu de la Maison de Broons, seigneurie de
Dinan, sge de Vauvert, Marquis de la Moussaye, chevalier de l’ordre
royale et militaire de Saint-Louis, époux de
feue Angélique-Jertrude-Joseph-Emmanuelle Legrand, comtesse de
la Motte de Broons, décédée au château de La Moussaye, fille de
Louis & Marie-Josephe-Barbe-Antoinette-Michelle
de Los Rio y Abregon, ledit Jacques Joseph
de La Motte a été inhumé en présence de Jean-Marie de
Gaudemont, sgr de la Montfornière, et de messire Jan
du Rocher, Sieur du Margat, à Plénée le 6 décembre 1789. ».
C’est le 16 juillet 1771 à l’église St Melaine de Morlaix que
Jacques Joseph de La Motte de Broons de Vauvert avait épousé
Angélique-Jertrude-Joseph-Emmanuelle Legrand, cette dernière était
née vers 1749 à Mexico. De
leur union naquirent deux fils : Jean Louis Jacques Ange de La
Motte de Broons de Vauvert 1772-1853 ép. . Marie-jeanne Aubert du
Lou ; et Jeanne Sainte Angélique
de La
Motte de Broons de
Vauvert, ° 1775.
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