Après
avoir dit à Dieu ma prière,
Par
pluie ou gel levé de grand matin,
Dans
le vieux champ que me légua mon père
Je
cultive mon Pain ;
Et
puis vers l’heure ou le soleil décline,
Là
bas, là bas, au bout du grand ravin…
Sur
le penchant de la verte colline,
Je
cultive mon Vin !...
Je
cultive mon Pain,
Je
cultive mon Vin !.....
I
Après
avoir dit à Dieu ma prière,
Par
pluie ou gel levé de grand matin,
Dans
le vieux champ que me légua mon père
Je
cultive mon Pain ;
Et
puis, vers l’heure ou le soleil décline,
Là
bas, là bas, au bout du grand ravin,
Sur
le penchant de la verte colline
Je
cultive mon Vin !...
…Je
cultive mon Pain,
Je
cultive mon Vin !
II
Au
bon soleil d’Eté, le blé se dore :
Quand
de grains murs l’épi lourd est bien plein,
Je
prends ma faux et, levé dès l’aurore,
Je
récolte mon Pain !
Trois
mois plus tard, quand le soleil d’Automne
A
bien mûri, bien rougi mon raisin,
Je
fais sortir les paniers et la tonne
Et
vendange mon Vin !
…Je
récolte mon Pain !
Je
vendange mon Vin !
III
Devant
mon seuil, quand un pauvre trébuche
En
me disant qu’il fait froid, qu’il a faim,
J’ouvre
aussitôt et ma porte et ma huche
Et
lui dis : prends mon Pain !
Puis,
quand j’entends un Vaincu de la vie
Blasphémer
Dieu, maudissant le Destin,
Dans
mon Cellier, gaiment, je le convie
Et
lui dis : Bois mon Vin !
…Mangez,
manger mon Pain !
Buvez,
buvez mon Vin !
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IV
Je
suis bien vieux, déjà ma main vacille,
Mais
si la France est en guerre, demain,
Prenant
ma faux, ma houe et ma faucille,
Je
défendrai mon Pain,
Lavant,
d’un coup, toutes nos vieilles haines,
Dans
mon vieux champ ou le grand ravin
Je
donnerai tout le sang de mes veines
Pour
défendre mon Vin :
Je défendrai mon
Pain !
Je
défendrai mon Vin !
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