I
Un
froid matin de janvier
Grand’maman
dut s’éloigner
Pour
une journée entière :
Me
voyant seule au logis,
De
leur vieil étui je sortis
Les
lunettes de ma grand’mère !
II
Après
avoir, gravement,
Longuement,
soigneusement,
Bien
essuyé chaque verre,
Avec
des airs recueillis,
Sur
le bout de mon nez je mis
Les
lunettes de ma grand’mère !
III
Je
pris ensuite en main
Le
gros paroissien romain,
Pour
y lire ma prière …
Et
je la comprenais mieux
Depuis
que j’avais sur les yeux
Les
lunettes de ma grand’mère !
IV
Puis
je tricotais des bas
Pour
les gueux qui n’en ont pas,
D’une
main bien plus légère,
Maudissant
les durs hivers
En
voyant la neige, à travers
Les
lunettes de ma grand’mère !
V
Puis,
enfin, comme un oiseau,
Doucement,
dans son berceau
Je
berçai mon petit frère
Dont
les grands yeux étonnés
S’amusaient
de voir, sur mon nez,
Les
lunettes de ma grand’mère !
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