I
On prétend
que le premier Pleur,
Le
premier Sanglot de douleur
Furent
ceux de notre mère Ève
Quand,
brandi par l'ange de Dieu,
Le
terrible Glaive de feu
Vint
trancher le céleste Rêve.
Adam,
près d'elle, vint s'asseoir
Au
milieu des fleurs et des mousses;
Et les
larmes du premier jour
Devinrent
des larmes d'Amour
...Et
c'étaient des larmes très douces !
II
Mais
le Démon se dit : " Fort bien !
Puisque
la Douleur ne peut rien
Sur
son, coeur d'épouse et d'amante,
Son
coeur de Mère - un jour viendra -
Sans
doute autrement saignera
Blessé,
deux fois, par la Tourmente ! "
Et
l'Ennemi du genre humain
En
armant le bras de Caïn
Fit
pleurer la Mère des Mères :
Ève
pleura, plu que le Ciel,
Son
dernier né, son tendre Abel...
... Et
ces Larmes étaient amères !
III
Or, il
paraît, mes chers enfants,
Qu'en
ces temps-là les Océans
N'avaient
que des vagues très douces...
Mais
tant de femmes, depuis lors,
Ont gémi,
pleuré, sur leurs bords.
Guettant
les marins et les mousses ;
Depuis
Ève pleurant Abel
Tant
de gros Pleurs, au goût de sel,
Sont
tombés dans les meurtrières
Qu'ils
ont pris, les terribles Flots,
Le
bruit déchirant des Sanglots
Et
le goût des Larmes des Mères !...
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