Les Larmes des Mères

                                                                                                                         

                                                                                                      


I

On prétend que le premier Pleur,

Le premier Sanglot de douleur

Furent ceux de notre mère Ève

Quand, brandi par l'ange de Dieu,

Le terrible Glaive de feu

Vint trancher le céleste Rêve.

Adam, près d'elle, vint s'asseoir

Au milieu des fleurs et des mousses;

Et les larmes du premier jour

Devinrent des larmes d'Amour

...Et c'étaient des larmes très douces !

II

Mais le Démon se dit : " Fort bien !

Puisque la Douleur ne peut rien

Sur son, coeur d'épouse et d'amante,

Son coeur de Mère - un jour viendra -

Sans doute autrement saignera

Blessé, deux fois, par la Tourmente ! "

Et l'Ennemi du genre humain

En armant le bras de Caïn

Fit pleurer la Mère des Mères :

Ève pleura, plu que le Ciel,

Son dernier né, son tendre Abel...

... Et ces Larmes étaient amères !

III

Or, il paraît, mes chers enfants,

Qu'en ces temps-là les Océans

N'avaient que des vagues très douces...

Mais tant de femmes, depuis lors,

Ont gémi, pleuré, sur leurs bords.

Guettant les marins et les mousses ;

Depuis Ève pleurant Abel

Tant de gros Pleurs, au goût de sel,

Sont tombés dans les meurtrières

Qu'ils ont pris, les terribles Flots,

Le bruit déchirant des Sanglots

Et le goût des Larmes des Mères !...

 

 

 

extrait de "chansons de Jean-qui-chante" ed J. Rueff 1907 -  paroles de Théodore Botrel, musique de André Colomb

 

 

 

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