Dans la forêt, le Vent passe
Venu
des champs ou de la Mer,
En galopant dans l’espace
Sur
le grand Char du pâle Hiver,
Et
chaque feuille qu’il effleure
Tombe
avec un bruit triste et doux :
On
dirait que la Forêt pleure,
Pleure
des pleurs de cuivre doux
Tombez, tombez, feuilles mortes !
Tombez,
tombez, bien doucement !
Sous les rafales les pus fortes
Tourbillonnez
plus fortement.
Tombez ! Formez au pied des chênes
L’humus fécond et tout-puissant,
Afin
qu’au renouveau les frondaisons prochaines
Puissent la Force en votre sang !
Sur la forêt de mon Ame
Le
Vent glacé passe souvent…
Je crois, alors, qu’une flamme
S’éteint
en moi sous le grand Vent
Car
chaque Rêve qu’il effleure
Est
mort, pour toujours, désormais…
Et
je sens que mon Ame pleure
A
ne s’en consoler jamais !
Tombez, tombez, pauvres Rêves,
Rêves
d’Amour, de Liberté !
Si vos extases sont brèves
J’en
ai goûté l’âpre Beauté !
Tombez !
Mourez avant de naître
Avec
le jour, avant le soir,
Car
ceux-là qui viendront les ramasser, peut-être,
Y trouveront un peu d’Espoir !
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