Le Vent des Fôrets

                                                                                                                         

                                                                                                      


 

Oh ! le Vent ! le grand Vent des antiques Forêts !

Il vient, s’en va, revient, s’en va _ très loin _ tout près

Sous le couvert du bois, comme un loup qui maraude,

                             Le Vent rôde !

 

 

 

Dès que le matin jour paraît, que le Soleil

Entr’ouvre un peu son œil clignotant et vermeil,

Afin de m’arracher au sommeil, à l’extase,

                             Le Vent jase !

 

 

 

Je crois qu’il est l’ami du pauvre sabotier :

Du haut du frêle ormeau, du haut du chêne altier,

Sachant que son refrain me console et m’enchante,

                             Le Vent chante !

 

 

 

Par contre, il n’aime pas le rude bûcheron

Qui dit à sa forêt : «  Allons, courbe ton front ! « 

La hache du bourreau déplait à ce grand Prince :

                             Le Vent grince !

 

 

 

Il ne veut pas qu’on touche aux bois où sont blottis

Ses amis les oiseaux, les grands et les petits !

Le bûcheron brandit sa cognée … et, sur l’heure,

                             Le Vent pleure !

 

 

 

Prends garde, bûcheron ! prends garde au Vent amer,

Quand il va par les Champs, les Plaines et la Mer,

Frappe ! mais gare à toi, sitôt qu’il fait sa ronde :

                             Le Vent gronde !

 

 

 

Le voici, le voici qui s’en vient au galop !

Bûcheron, n’abats pas cet immense bouleau,

Va-t’en ! car, devant lui, chacun peut fuir sans honte :

                             Le Vent monte !

 

 

 

Hélas ! il est trop tard ! Pourquoi n’as-tu pas fui ?

Le Vent terrasse l’Arbre … et te voilà sous lui :

Sans pitié, pour venger sa forêt abattue,

                             Le Vent tue !

 

 

 

… Aussi je crains le Vent comme la voix de Dieu

Et j’ébauche parfois, troublé comme au Saint-Lieu,

Un grand signe de Croix quand, à travers l’espace,

                             Le Vent passe ! …

 

extrait de "chansons de Jean-qui-chante" ed J. Rueff 1907 -  paroles de Théodore Botrel, musique de André Colomb

 

 

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