Sous
l’œil indiscret de la lampe
J’ai
vu scintiller sur la tempe
Le
beau cheveu blanc que voilà …
Et
tu m’as dit avec tristesse :
«
Quoi ! voici venir la vieillesse,
Déjà !
«
Allons,
ma Douce, ris, et chante
Pour
si peu, n’allons pas, méchante !
Troubler
un seul de nos beaux jours !
Mon
Amour fera ce prodige
Que
tu seras jeune, te dis-je,
Toujours !
Las !
que veux- tu ? chère compagne,
Comme
mes pommiers de Bretagne,
Tout
doucement , nous vieillerons ….
Et
Dieu qui fait fleurir leurs branches
Fleurira
de couronnes blanches
Nos fronts !
Puis
ce cheveu, dont je m’empare,
Semble
être un fil d’argent très rare
Qu’en
berçant Jésus et saint Jean
La
bonne Vierge à la veillée
A
filé sur sa quenouillée
D’argent !
Et
ce fil béni, je le garde …
Car
lorsque l’âge et la Camarde
De
nos corps seront les vainqueurs,
Pour
l’Eternité, ma jolie,
Je
veux que ce soit lui qui lie
Nos cœurs !…
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