I
Je
veux sur mes pipeaux champêtres
Vous
bonjourer, mes chers amis :
Les
Forgerons sont mes ancêtres :
Je
suis fier d’être votre fils !
Ne
pouvant faire davantage,
_Les
ardes sont pauvres garçons, _
Je
veux, du moins, pour héritage,
Vous
léguer deux ou trois chansons.
Refrain
Courage
à la besogne !
De
l’aurore à la nuit
Que
votre rude pogne
Frappe et cogne
Sans répit !
Que
vos gros marteaux ronds
Vivement
Entrent en danse,
En rythmant
La cadence
Du
chant des Forgerons !
II
Bambin,
j’ai dormi dans la forge,
Sur
le foyer, dans du bon foin,
En
brave petit rouge-gorge
Que
l’orage n’éveille point !
Plus
tard, comme un cyclope antique
Forgeant
la foudre au cœur des Monts,
J’ai
souvent, d’un geste rythmique,
Du
soufflet gonflé les poumons !
( refrain )
III
J’admirais
vos robustes tailles
Lorsque
vous alliez soulevant
Les
doubles-chasses, les tenailles,
Les
masses-à-frapper-devant :
Du
fer rougi battu par elles
Des
éclairs jaillissaient, joyeux :
J’en
ai gardé les étincelles,
Pour
l’Eternité, dans les yeux !
( refrain )
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IV
Si
ma sauvage et rude plume
Sains
crainte se rit du danger,
C’est
que, sur une bonne enclume,
J’ai
su, moi-même, la forger :
Comme
on faisait, jadis, les armes,
Je
m’y suis repris à vingt fois ;
Je
l’ai trempée avec mes larmes
Et,
dessus, j’ai mis une Croix !
( refrain )
V
De
vos mains probes et bourrues
Forgez-nous
de tranchantes faux,
Des
faucilles et des charrues,
Des
fers légers pour nos chevaux …
Mais,
si des Ennemis rapaces
Envahissaient
notre Pays,
Levez
sur eux vos lourdes masses
Ainsi
que Duguesclin, jadis !
( refrain )
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