I
On prétend que la Vérité
Fut la seule Divinité
Par les premiers hommes connue
Et chacun d’eux la chérissait
Et nul, alors, ne rougissait
de la contempler toute nue.
La mère et son petit enfant,
Le jeune guerrier triomphant,
Le vieillard dont le front se penche,
Au clair soleil, chacun venait
Fleurir l’humble puits où trônait
La vérité blanche !
II
Mais un jour Satan, furieux,
Vomit le message hideux
A la mine douce et traîtresse,
Et l’Homme ingrat, l’Homme changeant
Brisa le clair Miroir d’argent
Et maudit la blanche déesse ;
Il en eut peur et l’outragea
Et puis, une nuit, l’égorgea,
Troua ses beaux yeux de pervenche ;
Il lui coupa la langue, et puis
Jeta dans le fond du vieux puits,
La vérité blanche !
III
Et le mensonge tout-puissant
Trône, sur le puits plein de sang,
Et, depuis des siècles, nous leurre,
Tandis que, le remords au sein,
Dans la nuit sombre, l’assassin,
Rôde et, des siècles, pleure !…
Mais depuis des siècles aussi,
La morte remonte… et voici
Que d’aucuns l’entendent qui bouge
Et nous l’allons voir, tout à coup,
Surgir, sa plaie horrible au cou,
La
vérité rouge !!!
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