La Glèbe

                                                                                                                         

                                                                                                      


 

                     Jean le Terrien

                     Ecoute bien :

 

I

 

Il te viendra de la Grand’Ville

De beaux parleurs qui te diront

Que le labour est trop servile

Qui t’oblige à courber le front :

Ils te diront : «  Laisse la Terre !

Viens avec nous, bon paysan. « 

_ Pousse l’araire et fais-les taire

            En leur disant :

«  Attendons la Moisson nouvelle.

C’est du bon pain qui germe là !

            La Glèbe est belle

                       Lonla.

            La Glèbe est belle

                  Admirons-là . « 

 

II

 

Il te viendra de faux bonshommes

Qui te diront : «  Soyons unis !

Viens, tope-là, puisque nous sommes

Tes défenseurs et tes amis ! « 

Ils te diront : «  Quitte la Terre ,

Elle est trop dure au Paysan ! « 

_ Reprends ta houe et fais-les taire

            En leur disant :

«  Voyez comme la Vigne pousse :

C’est du bon Vin qui monte là !

             La Glèbe est douce,

                        Lonla !

             La Glèbe est douce :

                   Caressons-là ! « 

 

III

 

Il te viendra de faux prophètes

Qui te diront : «  Redresse-toi :

Viens prendre part aux grandes Fêtes

Que va donner le Peuple-Roi ! « 

Ils te diront : «  Maudis la Terre,

Elle est mauvaise au Paysan ! « 

_ Prends ta faucille et fais-les taire

              En leur disant :

«  Voyez donc comme le blé donne :

C’est du pain blanc qu’on fauche là !

            La Glèbe est bonne,

                     Lonla !

            La Glèbe est bonne :

                  Chérissons-là ! « 

 

 

 

 

 

 

 

IV

 

Il te viendra des sans-famille,

Des sans-patrie et des sans-Dieu

Qui te diront : «  Prends ta faucille,

Prends ton fusil, prends un épieu !

Malheur aux Grands de cette Terre.

C’est notre tour : profitons-en ! « 

_ Hausse l’épaule et fais les taire

           En leur disant :

«  Assez de Pitié, vraie ou feinte,

De blasphèmes, comme cela !

            La Glèbe est sainte,

                     Lonla !

            La Glèbe est sainte :

                Respectons-là ! « 

 

extrait de "chansons de Jean-qui-chante" ed J. Rueff 1907 -  paroles de Théodore Botrel, musique de André Colomb

 

 

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