I
Lorsque l’on est petit enfant,
On gazouille, on rit, triomphant
Sans souci du temps et de l’heure…
Mais, dès que la nuit nous effleure
On pleure,
On pleure ;
Rien n’y fait, menace ou prière,
On guette la lampe qui luit :
Aussitôt que descend la nuit
On demande de la lumière !
II
Plus tard s’en vient l’âge où l’on peut
Vivre heureux, satisfait de peu
En songeant que la vie est brève…
Mais, alors, sans repos ni trêve,
On rêve,
On rêve ;
On s’acharne après le chimère
Qui toujours devant nous s’enfuit,
On a toujours peur de la nuit :
On demande de la lumière !
III
Et, tout à coup, nous voilà vieux…
On devrait s’en aller, joyeux,
Jusqu’au port où Dieu nous rassemble :
Mais le vieux à l’enfant ressemble…
On tremble,
On tremble !
On garde la crainte première
Sans réfléchir – le jour enfui –
Que plus on descend dans la nuit
Plus on monte vers la lumière !
|