Par
Jean-Claude LE BLOAS (dec 2000)
Dans son avant-propos de l'ouvrage "Un monde
rural en Bretagne au XVe siècle, la quévaise", Jeanne Laurent
écrit (1er §) : "Le noyau de cette étude est constitué par une
thèse de l'Ecole des Chartes dont je n'avais publié que les
positions." Concernant ce sujet, j'ajoute un livre : "Campagnes
Rouges de Bretagne" de Ronan Le Coadic (Skol Breizh n° 22) dont la
dernière phrase est : "Quel contraste, d'ailleurs, entre les jeunes
défricheurs quévaisiers qui vécurent un communisme avant la lettre et
la population âgée qui préserve, aujourd'hui, l'héritage de la
Résistance..." ; ce bouquin est sorti en novembre 1991.
Par
Jean-Pierre FEVRIER (dec 2000)
Il y a beaucoup de littérature aussi sur
l'usement
de quévaise. A de
Barthélémy, Geslin de Bourgogne, Henri Sée, A de La Borderie et
d'autres s'y sont penchés. Dans "Les moines rouges de Pont-Melvez"
A. Bourgès en a résumé les caractéristiques: 1° Le fonds appartenait au seigneur, mais celui-ci ne pouvait reprendre
sa terre que si le tenancier l'abandonnait pendant un an et un jour; 4° Si le tenancier n'avait pas d'enfant, la tenue retournait en entier au
seigneur. Ce mode de tenure fut matière à de nombreux procès dont un des plus
exemplaires eut pour théâtre Pont-Melvez. Compléments bibliographiques sur la
Quévaise: A . Bourgès cite une
thèse de Mlle Laurent résumée dans le Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, 1930, t LVII:"un cas de communisme
agraire en Basse Bretagne". Je ne sais si c'est la même personne qui
a publié 42 ans plus tard: Un monde rural en Bretagne au XVè siècle, La
Quévaise, Paris 1972, par J. Laurent. Ce livre est cité par J.P. Leguay et Hervé Martin dans le numéro de la
série Ouest-France sur l'histoire de Bretagne: Fastes et malheurs de la
Bretagne ducale 1213-1532, p 269 et sq. En lisant ces ouvrages, vous aurez
sans doute beaucoup avancé sur la question.... Par Maurice
OREAL (Juin 2001) J'emprunte à Jean-Pierre LEGUAY et Hervé MARTIN
dans "Fastes et malheurs de la Bretagne ducale 1213 -1532", les
éléments de ma réponse à votre question. "La quevaise était un
type d'exploitation agricole propre à certaines parties de la Bretagne,
notamment le secteur des Monts d'Arrée jusqu'au limites du Trégorrois,
les terres des abbayes cisterciennes du Relec, du Begard, celles des
commanderies hospitalières de la Feuillée et de Pont-Melvez,
héritières des Templiers. La quevaise remonte à l'époque des grands défrichements entrepris aux
XII et XIIIè siècles dans cette partie de la Bretagne. Les moines ont
créé de belles exploitations rurales et ont proposé aux paysans
défricheurs, aux "hôtes" des contrats intéressants
n'impliquant en aucun cas, une restriction de liberté (contrairement à
une idée couramment admise qu'il s'agissait d'une forme de servage). Chaque tenure de défrichement ou "hostise" comprend à
l'origine un logis, un jardin ou courtil et une terre de labour enclose
d'un journal de superficie (48 ares 5), le tout exonéré de
"dîme" ou plutôt de champart. Le paysan a la possibilité, s'il le désire, de compléter de maigres
ressources en envoyant ses bêtes paître sur les vastes étendues de
terre indivise près des villages; il a même la permission d'entreprendre
des cultures sur ces "communaux" à condition de verser une
partie de sa récolte à l'abbé ou au commandeur. Le taux du champart est
de trois gerbes sur vingt chez les Hospitaliers. Les redevances sont
faibles et identiques à l'intérieur d'une même seigneurie. Les quevaises se distinguent aussi des autres tenures paysannes par des
droits particuliers, longtemps mal interprétés. Une des originalités
majeures est le droit de juveignerie qui fait du plus jeune des enfants le
bénéficiaire de l'exploitation et de la maison de ses parents à leur
décès. Cette coutume s'explique très bien dans une région où la terre
à défricher est abondante et la main d'oeuvre rare. Les aînés quittent
très tôt le domicile des parents et trouvent sans difficulté du
travail. Le benjamin reste à la ferme, seconde le père, puis recueille
sa succession. Le système ne le favorise pas totalement puisque les
meubles et les outils familiaux font l'objet d'un partage. Un droit de
reversion veut aussi qu'à la mort du juveigneur, sans descendants
directs, la quevaise soit reprise par le seigneur, sans possibilité pour
ses frères de la réclamer. A l'origine il était interdit à quiconque
de détenir deux tenures et une exploitation mal entretenue ou abandonnée
un an et un jour pouvait être reprise sans coup férir. D'aucuns y ont vu
une marque de servage, une forme déguisée d'attache à la terre, alors
qu'il ne s'agissait que de lutter contre l'humeur vagabonde des
"hôtes" qui gardaient toujours la possibilité de s'en aller. Mais au XVè siècle l'institution a beaucoup changé. Les paysans ont
cessé de défricher et, de pionniers qu'ils étaient au départ, ils sont
devenus des tenanciers comme les autres, souvent revendicatifs, prêts à
attaquer leurs seigneurs devant les tribunaux, cherchant à accroître par
tous les moyens leurs privilèges. Les usages tombent en désuétude; le
cumul jadis prohibé est permis et certains cherchent à annexer à leurs
enclos, exempts de champart, des portions entières de terre indivise
soumise à l'impôt. Le droit de juveignerie, jadis si strict, souffre de
toutes sortes d'accommodements et l'obligation de résider n'est même
plus observée. On voit des nobles, des prêtres, des officiers, des
bourgeois se porter acquéreurs de quevaise."
2° Le quevaisier ne pouvait exploiter qu'une tenue; 3° Le juveigneur,
c'est-à-dire le dernier enfant mâle, ou à défaut la dernière fille,
héritait de toute la quévaise à l'exclusion des frères et soeurs plus
âgés;
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