Par Maurice OREAL (Avril 2001).
Vous êtes tout simplement en présence du calendrier républicain.
Comme il fallait rompre avec tout ce qui faisait l'Ancien Régime, non
seulement à cette époque on fit la chasse aux prêtres qui n'avaient pas
prêté serment à la "Constitution", on pourchassa les nobles,
on pilla et brûla leurs archives (au grand dam de nous autres,
généalogistes), on cassa les statues et les armoiries des églises ou
des manoirs, on rebaptisa des villes (par exemple le Mont-Saint-Michel
devint le Mont-Libre), mais aussi on s'inventa un nouveau calendrier. Il fut institué par décret du 5 octobre 1793 mais le début de l'ère
républicaine fut fixé rétrospectivement au 22 septembre 1792, date de
l'établissement de la République. L'année commençait à l'équinoxe d'automne (22 septembre). Elle
était partagée en 12 mois de 30 jours chacun : elle s'achevait par cinq
jours complémentaires, consacrées à la célébration des fêtes
républicaines et placés après Fructidor. Un sixième jour appelé
"Jour de la Révolution" s'y ajoutait chaque 4è année dite
"sextile" (ces années - an III, an VII, an XI ne coïncidaient
pas avec les années bissextiles grégoriennes).
Les mois devaient être désignés ainsi :
1er mois de l'an I, 2è mois de l'an I, etc. Ils étaient divisés en
décades de 10 jours et comptés dans chaque décade de 1 à 10. On les
désignait aussi par primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi,
septidi, octidi, nonidi, décadi. Un nouveau décret du 24 octobre 1793, c'est-à-dire du 3è jour de la
1ère décade du 2è mois de l'an II, donna aux mois les poétiques noms,
proposés par Fabre d'Eglantine, de Vendémaire (mois des vendanges),
brumaire (mois des brumes), frimaire (mois des frimas), nivôse (mois des
neiges), pluviôse (mois des pluies), ventôse (mois des vents), germinal
(mois de la germination), floréal (mois des fleurs), prairial (mois des
prairies), messidor (mois des moissons), thermidor (mois de la chaleur),
fructidor (mois des fruits). Ajoutons que puisqu'il fallait faire disparaître toute trace de
l'ordre ancien, on supprima toutes les fêtes catholiques pour les
remplacer par des objets qui composaient la "véritable richesse
nationale". C'est ainsi que les jours s'appelèrent désormais
"Poireau", "Mimosa", "Carotte" ou autre
chose semblable. Le calendrier républicain fut abrogé par un décrêt de Napoléon 1er
du 9 septembre 1805 qui prévoyait son remplacement par le calendrier
grégorien à partir du 1er janvier 1806. De ce fait l'an XIV ne dura que
3 mois et 8 jours. Par Valentine PRIGENT (Avril
2001). Décret de la Convention nationale sur l'ère, le commencement et
l'organisation de l'année, et sur les noms des jours et des mois du 4°
jour de frimaire an second de la République française, une et
indivisible. La Convention nationale, après avoir entendu son comité d'instruction
publique, décrète ce qui suit : Article premier ; l'ère des Français compte de la fondation de la
république, qui a eu lieu le 22 septembre de l'ère vulgaire, jour où le
soleil est arrivé à l'équinoxe vrai d'automne, en entrant dans le signe
de la balance à 9 heures 18 minutes 30 secondes du matin, pour
l'observatoire de Paris. II - L'ère vulgaire est abolie pour les usages civils. III - Chaque année commence à minuit, avec le jour où commence
l'équinoxe vrai d'automne pour l'observatoire de Paris. IV - la première année de la république française a commencé le 22
septembre 1793 à minuit et a fini à minuit séparant le 21 du 22
septembre 1793. V - la seconde année a commencé le 22 septembre 1793 à minuit,
l'équinoxe vrai d'automne étant arrivé ce jour-là pour l'observatoire
de Paris, à 3 heures, 11 minutes 38 secondes du soir. VI - le décret qui fixoit le commencement de la seconde année au 1er
janvier 1793 est rapporté ; tous les actes datés de l'an second de la
république, passés dans le courant du 1er janvier au 21 septembre
inclusivement, sont regardés comme appartenant à la première année de
la république. VII - l'année est divisée en douze mois égaux, de trente jours chacun
après les douze mois suivent cinq jours pour compléter l'année
ordinaire ; ces cinq jours n'appartiennent à aucun mois. VIII - chaque mois est divisé en trois parties égales, de dix jours
chacune, qui sont appelées Décades . IX - les noms des jours de la décade sont : Primidi, Duodi, Tridi,
Quartidi , Quintidi, Sextidi, Octidi, Nonidi, Décadi. Les noms de mois
sont, pour l'automne, Vendémiaire, Brumaire, Frimaire. Pour l'hiver ,
Nivôse, Pluviôse, Ventôse. Pour le printemps : Germinal, Floréal,
Prairial. Pour l'été , Messidor, Thermidor, Fructidor. les cinq derniers
jours s'appellent jours Sans-Culotides (par un décret du 7 fructidor an
3, la Convention a rapporté cette disposition, et ordonné que les
derniers jours du calendrier républicain porteraient le nom de jours
complémentaires, au lieu de celui de Sans-Culotides.) X - L'année ordinaire reçoit un jour de plus, selon que la position de
l'équinoxe le comporte, afin de maintenir la coïncidence de l'année
civile avec les mouvements célestes. Ce jour, appelé jour de la
Révolution, est placé à la fin de l'année et forme le sixième des
Sans-Culotides. La période de quatre ans, au bout de laquelle cette
addition d'un jour est ordinairement nécessaire, est appelée la
Franciade, en mémoire de la révolution, qui après quatre ans d'efforts,
a conduit la France au gouvernement républicain. La quatrième année de
la Franciade est appelée Sextile. XI - Le jour, de minuit à minuit, est divisé en dix parties ou heures,
chaque partie dix autres, et ainsi de suite, jusqu'à la plus petite
partie commensurable de la durée. La centième partie de l'heure est
appelée minute décimale ; la centième partie de la minute est appelée
seconde décimale. Cet article ne sera de rigueur pour les actes publics
qu'à compter du premier vendémiaire an trois de la république. XII - le comité d'instruction publique est chargé de faire imprimer, en
différents formats, le nouveau calendrier, avec une instruction simple
pour en expliquer les principes et l'usage. XIII - le calendrier, ainsi que l'instruction, seront envoyées aux corps
administratifs, aux municipalités, aux tribunaux, aux juges de paix et à
tous les officiers publics, aux armées, aux sociétés populaires et à
tous les collèges et écoles. Le conseil exécutif provisoire le fera
passer aux ministres, consuls et autres agens de France dans les pays
étrangers. XIV - Tous les actes publics seront datés suivant la nouvelle
organisation de l'année. XV - Les professeurs, les instituteurs et institutrices, les pères et
mères de famille, et tous ceux qui dirigent l'éducation des enfans,
s'empresseront à leur expliquer le nouveau calendrier, conformément à
l'instruction qui y est annexée. XVI - Tous les quatre ans, ou toutes les
Franciades, au jour de la
révolution, il sera célébré les jeux républicains, en mémoire de la
révolution française." Ce texte fait suite à deux décrets de la convention, l'un du 5 octobre
1793, an second de la république française, qui explique les divisions,
mais sans les noms, à part les décades, Franciades et jour de la
révolution. (et il m'en manque un morceau, entre les articles V et IX) et
le second du premier jour du deuxième mois de l'an second de la
république française qui précise l'application du décret précédent
à la comptabilité des administrations.
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